La Charente se visite à 360 degrés

Laurence Guyon Charente Libre – 18 août 2011

Stéphane Charbeau a réalisé d’impressionnantes images panoramiques des plus beaux sites charentais. Une utilisation d’internet bien dans la ligne du schéma régional du tourisme.

Vous êtes suspendu au-dessus du vide, comme un oiseau qui aurait pris son envol tout en haut de l’hôtel de ville de Cognac. Ou bien vous avez les pieds dans la Charente, juste devant le château de Verteuil. Et vous pouvez regarder tout autour de vous, compter les pierres dans le fond du fleuve et détailler les nuages dans le ciel. Le site internet du conseil général de la Charente de même que celui du Comité régional de tourisme (CRT) permettent de visiter les plus beaux sites du département sans bouger de son écran. Grâce aux images d’un photographe cognaçais, Stéphane Charbeau, l’un des rares à maîtriser l’art de la photo panoramique à 360 degrés interactive.

Une façon peut-être de sortir la Charente des profondeurs du classement des sites les plus visités de la région dans lequel les maisons de cognac, les meilleures représentantes de la Charente, figurent en 21e position. L’un des axes du tout nouveau schéma régional du tourisme, c’est justement d’utiliser au mieux la filière internet, sachant que la plupart des destinations et des séjours touristiques se choisissent via la Toile.

Installé depuis une vingtaine d’années dans le département, Stéphane Charbeau a fait de la photo panoramique l’une de ses spécialités. «Dans une image traditionnelle, le photographe impose son cadrage. Là, c’est l’internaute qui choisit de zoomer sur la jeune fille qui passe ou de lire le texte du panneau au pied de l’hôtel de ville», sourit-il.

«Je passe mon temps à m’effacer»

Si un clic de souris suffit à se promener à sa guise dans les images du photographe, son travail est impressionnant. En principe, il suffit de planter son appareil sur un point fixe et de faire six photos: une pour le ciel, une pour le sol et une pour chaque point cardinal. Un appareil doté d’un objectif fisheye, très grand angle, et le tour est joué.

Sauf que le bonhomme est plein d’astuces. Il a imaginé d’accrocher son appareil à une perche télescopique qui peut faire plusieurs mètres de long. Pour donner l’impression d’être dans le vide ou au-dessus de l’eau par exemple. «Comme ça, on peut mettre l’appareil dans un endroit où on ne peut pas aller. Mais il y a forcément un moment où je suis à contre-jour, où la lumière n’est pas bonne, et un moment où je suis sur la photo», souligne-t-il.

Alors il faut parfois faire une cinquantaine ou une soixantaine de photos. Et ensuite, les assembler. En gommant les défauts, en retravaillant les lumières, les couleurs. «Sur mes photos, il n’y a plus aucune trace du photographe. En fait, je passe mon temps à m’effacer», s’amuse-t-il. À l’endroit où il se trouvait, il doit littéralement reconstituer la photo.

Devant les images de la grotte du Placard à Vilhonneur, il suit du doigt le tracé des gravures pariétales, illisibles pour le profane: «L’avantage, c’est qu’on peut zoomer, les grossir. Mais je travaille à une superposition avec un relevé dessiné, qui permettrait de mieux les voir. On peut aussi y associer des explications sur ce qu’on voit.»

Son prochain projet: une visite virtuelle à l’échelle de la Charente. À partir d’une carte, on peut cliquer sur n’importe quel site et aller s’y promener. Un grand chantier pour lequel il a plein d’idées. Et qui devrait, en toute logique, intéresser les acteurs du tourisme local.