Stéphane Charbeau tombe dans le pano… reportage

Ismaël Karroum / Charente Libre – 15 mars 2008

Etre une petite souris dans les coulisses de la campagne cognaçaise. Cliquer sur le mulot pour se retrouver au cœur d’une réunion de quartier de Jérôme Mouhot ou de Michel Gourinchas. Etre derrière son écran tout en se baladant dans le fameux bus de Michel Gourinchas. Avoir les doigts de pied en éventail dans son bureau tout en se retrouvant au cœur du public du dernier meeting de Jérôme Mouhot.

Tout au long de cette campagne, Stéphane Charbeau a fait crépiter son flash et chauffer la bande de son dictaphone. La campagne, il l’a suivie de l’intérieur, l’a offerte sur un plateau aux internautes. Grâce à ses pano-reportages, sur son site (1). Le panoreportage, quesako? L’assemblage de plusieurs photos, afin de créer une image. Fixe mais à 360 degrés. Un peu comme si l’on se retrouvait au cœur de la Géode, avec des images tout autour de soi, à droite, à gauche, au plafond et au sol. Stéphane Charbeau : «En fait, je prends quatre photos au grand-angle, puis je les assemble, en travaille les raccords pour ne plus faire qu’un panoramique».

«ça n’a rien à voir avec un film»

Musicien, photographe, webdesigner. Curieux de tout, Stéphane Charbeau n’a eu aucun mal à se glisser dans l’intimité des deux équipes de la campagne cognaçaise • photo I. K.

Ce procédé, Stéphane Charbeau l’avait déjà expérimenté pour faire découvrir les coulisses de Blues Passions, les trésors de Cognac, de la Charente et de la Charente-Maritime. Depuis, il a ajouté du son, pour des réalisations qui ont l’attrait de la vidéo et le charme de la photo. «A titre personnel, je prends un réel plaisir à faire ça. Et je commence à avoir des retours. Les gens trouvent ça vraiment très intéressant», assure Stéphane Charbeau qui a dix ans de site internet derrière lui.

La quarantaine tout juste entamée, l’homme a déjà eu plusieurs vies. Fil conducteur: artiste. Musicien, photographe, webdesigner. Curieux de tout, Stéphane Charbeau n’a eu aucun mal à se glisser dans l’intimité des deux équipes. «Ce qui m’a facilité les choses, c’est que je travaille aussi pour les deux équipes en tant que photographe. Du coup, ils me connaissaient. J’ai été accueilli facilement».

C’est ainsi dans son studio qu’a défilé l’équipe Mouhot pour réaliser son trombinoscope. C’est aussi son appareil qui a «shooté» l’équipe Gourinchas sur les berges de la Charente.

Ne faites pas le naïf à lui demander pourquoi il ne filme pas directement les scènes qu’il veut faire découvrir. «Mais ça n’a rien à voir avec un film! Souvent, les gens me parlent spontanément de mes vidéos. ça n’en est pas. C’est plus un travelling. Avec une vidéo, le spectateur est passif. Là, c’est à lui de se déplacer lui-même au sein de l’univers que je lui propose. C’est une image fixe, dans laquelle on choisit de rester cinq secondes ou cinq minutes. On devient acteur», décrit-il avec passion.

Un précurseur en la matière

Stéphane Charbeau est l’un des précurseurs du panoreportage en France. La pratique est encore rare. On en trouve sur «Rue89.com» et sur le site internet de Libération. «C’est un de mes collègues de Toulouse qui les a faits. Il avait ainsi suivi la campagne des présidentielles. J’ai trouvé ça intéressant, je me suis lancé».

«La campagne à Cognac a été intéressante en raison du suspense», disait-il avant le premier tour. Demain soir, il sera dans la grande salle du conseil municipal, pour le dépouillement et la proclamation des résultats. Il permettra, aussi, aux internautes de se glisser dans le camp du vainqueur.

La campagne a boosté le nombre de connexions à son site internet. «Pour l’instant, je ne le fais que de manière personnelle, pour le plaisir. Mais à terme, je compte commercialiser la démarche». Un historique de la campagne prendra place sur le site, aussi. L’après-campagne ne sera pas un grand vide. Stéphane Charbeau continuera de mettre son objectif là où les hommes ne peuvent mettre leurs yeux. Grâce à sa perche de sept mètres, qui lui permet de hisser son appareil photo partout, il offre des points de vue improbables.

«L’idée, c’est d’offrir aux internautes la possibilité d’aller là où ils ne peuvent aller». Comme sur le fronton de l’église Saint-Léger, au-dessus de l’abbaye de La Châtre, au-dessus des remparts du château de Pons…